CFII : le conseil de surveillance approuve la stratégie de « double antenne » du directoire

Deux mois après l’annonce officielle de la création de la chaîne française d’information internationale (CFII), son directoire a présenté lundi matin, au siège provisoire de la chaîne à Issy-les-Moulineaux, son plan de stratégie générale au conseil de surveillance. Après la nomination en décembre des trois membres du directoire - Alain de Pouzilhac, président, Ulysse Gosset, dg chargé de l’information et des programmes, et Jean-Pierre Paoli, dg chargé de la gestion -, il s’agissait de la deuxième réunion de ce conseil, présidé par Patrick de Carolis, président de France Télévisions.
Selon nos informations, le conseil de surveillance a approuvé la stratégie de « double antenne » présentée par le directoire, qui accorderait une place majeure à la convergence numérique et à la diffusion sur internet, parallèlement à la diffusion classique en analogique et en numérique. La CFII veut pouvoir proposer sur le web, mais aussi sur tous les autres supports numériques et sur les mobiles, des programmes différents de ceux diffusés par voie classique. La chaîne, qui a déjà reçu près de 200 candidatures de journalistes français mais aussi du monde entier, devrait mettre en place une rédaction spécialement affectée à ces contenus destinés à l’internet et aux supports numériques. La question de l’encadrement de la rédaction, pas encore déterminée, n’aurait pas été évoquée lors du conseil de surveillance. Le recrutement effectif des journalistes devrait commencer début mars. L’objectif des dirigeants de la chaîne est d’en embaucher 160 d’ici l’été, dans le but de les rendre opérationnels au début de l’automne après une période de formation.
Neuf personnes ont pour l’instant été recrutées en plus des trois membres du directoire, nous a indiqué hier Alain de Pouzilhac : trois assistantes, deux responsables de la distribution, un responsable du retroplanning, deux financiers et un responsable technique. « Une dizaine d’autres personnes détachées de TF1 et France Télévisions nous aident de façon ponctuelle » sur des questions touchant aux ressources humaines, juridiques, ou éditoriales, précise Alain de Pouzilhac. Une équipe de communication de trois personnes, déjà sélectionnées, est sur le point d’être embauchée. La chaîne va prochainement arrêter le choix de ses locaux définitifs. Selon nos informations, deux sites tiendraient la corde : un immeuble à Issy-les-Moulineaux, et un autre situé Porte de Châtillon, avec une préférence pour le premier site. La chaîne ne s’installera pas dans ses nouveaux locaux avant la fin du mois de juin. Mi-février, la grille des programmes devrait être bouclée et un appel d’offres sera lancé pour l’habillage de la chaîne. Par ailleurs, une recherche de nom est en cours, ce qui n’annonce pas forcément un changement, précise le président du directoire.
Les membres du directoire commencent à présent à visiter les chaînes d’information étrangères afin de « comprendre le fonctionnement des différentes chaînes concurrentes », explique Alain de Pouzilhac. Ulysse Gosset et Jean-Pierre Paoli sont actuellement en Allemagne pour visiter la Deutsche Welle. Parmi les autres visites prévues figurent la BBC, CNN, Al-Jazira, Fox News, MSNBC, Al Arabiya. En France, des rencontres ont déjà eu lieu avec les équipes dirigeantes de RFI, RFO et l’AFP afin de lancer la réflexion sur de futurs partenariats. Ceux-ci sont aussi envisagés à l’international, avec d’autres chaînes ou des médias locaux.

« On jugera la CFII sur les faits »

Le lancement de la chaîne est prévu pour fin novembre ou début décembre. Il s’effectuera en français et en anglais. Rappelons que 80 M€ ont été attribués à la chaîne pour son lancement : 15 M€ de crédits affectés pour 2005, et 65 M€ pour 2006 (nos informations du 1^er décembre 2005). Son budget annuel courant s’élèvera par la suite à 70 M€. En plus de l’étranger, elle sera diffusée en France sur le câble, le satellite et l’ADSL. Après les critiques émises en décembre par Jean-Jacques Aillagon, pdg de TV5, qualifiant la CFII d’« archaïsme », Alain de Pouzilhac affirme : « Je ne réponds rien », ajoutant cependant : « On jugera la CFII dans les faits. L’ancien ministre de la Culture et de la Communication aurait pu éviter ce genre de dérapage. »