G-B : le gouvernement présente le livre blanc sur la BBC
Paris - Publié le vendredi 17 juillet 2015 à 5 h 59 - n° 143311Le ministre britannique de la Culture John Whittingdale a présenté ce jeudi au Parlement le livre blanc sur la BBC, qui ouvre la voie à une profonde refondation de la stratégie du groupe public, engagé dans un vaste plan d'économie depuis cinq ans. Ce livre blanc doit guider la future Charte royale. Ce texte, qui définit le fonctionnement de la BBC, sera renouvelé en 2016.
La BBC « est l’une des institutions les plus précieuses de cette nation mais le réexamen de la Charte doit nous permettre de poser les questions difficiles », a déclaré le ministre de la Culture. Ces questions, a-t-il dit, portent sur « ce à quoi la BBC doit aspirer à l’heure où le choix des consommateurs est bien plus vaste qu’auparavant », et l’impact que cette réflexion peut avoir sur les différents services de la BBC (radio, télévision et internet).
Le gouvernement souhaite ainsi « moderniser » le mode de financement du groupe, actuellement assuré par une redevance de 145,50 £ (210 €), payée par les foyers britanniques possédant une télévision et rapportant plus de 3,7 Md£ par an (5,3 Md€). Mais la redevance ne prend pas en compte les nouveaux modes de consommation sur tablettes ou smartphones.
Les propositions de ce livre blanc sont soumises à une consultation publique ouverte jusqu’au 8 octobre. « La BBC n’appartient pas à son personnel ni aux politiques. Elle appartient au public. Ils sont nos actionnaires. Ils paient la redevance. C’est leur voix qui doit primer », a souligné John Whittingdale.
Refonte de l’offre de programmes ?
Les propositions discutées pourraient également entraîner une refonte de l’offre de programmes de la BBC. Le livre blanc s’interroge par exemple sur la nécessité de poursuivre des programmes comme The Voice, The Great British Bake Off (Le meilleur pâtissier), Strictly Come Dancing, ou sur la pérennité de la radio musicale Radio One. « Nous devons au moins nous demander si la BBC doit essayer de tout faire pour tout le monde sur chaque plate-forme, ou bien poursuivre un objectif ciblé », a expliqué John Whittingdale devant le Parlement.
La BBC a vivement réagi à ces propositions, estimant dans un communiqué que leur mise en œuvre conduirait à la rendre « affaiblie, moins populaire ». « Ce serait négatif pour le Royaume-Uni. Ce ne serait plus la BBC que les gens connaissent et aiment depuis plus de quatre-vingt-dix ans », a ajouté le groupe public.
Engagée depuis 2010 dans un plan d'économie de 800 M£ (1,147 Md€), la BBC a annoncé début juillet la suppression de plus de 1 000 emplois supplémentaires pour faire face à l'érosion de la redevance. Mercredi, 29 personnalités, dont l’acteur Daniel Craig ou la romancière J.K. Rowling (Harry Potter), ont adressé une lettre ouverte au Premier ministre David Cameron pour exprimer leur « préoccupation quant à tout ce qui pourrait affaiblir la BBC » (nos informations du 16 juillet). Ces dernières années, la BBC avait déjà supprimé des milliers d’emplois, vendu 40 % de son parc immobilier, réduit les coûts administratifs et cédé certains droits TV sur le sport pour économiser plus de 1,5 milliard de livres par an (2,112 Md€). Chris Patten, l’ancien président de la BBC, a accusé l’exécutif britannique d'œuvrer à la « destruction » du groupe audiovisuel, qualifiant de « fossoyeurs » les experts choisis pour repenser sa stratégie.