Burundi : un journaliste de France 24 interdit de travailler
Paris - Publié le vendredi 5 juin 2015 à 5 h 45 - n° 143361Un journaliste de France 24 s’est vu retirer son accréditation de travail au Burundi, où il couvrait notamment les manifestations hostiles au président Pierre Nkurunziza. Thaïs Brouck en a été informé par le Conseil national de la communication (CNC) qui a justifié cette décision en affirmant avoir reçu des rapports de sécurité accusant le journaliste d’encourager par sa présence les manifestations. Dans une lettre officielle à l’intéressé, le CNC a estimé que Thaïs Brouck « n’a pas suivi ce qui était inscrit sur son accréditation, à savoir la couverture des élections ». « Nous regrettons le retrait de l’accréditation, mais nous sommes en discussion avec les autorités burundaises pour en obtenir une nouvelle », a indiqué Marc Saikali, directeur de France 24, contestant tout parti pris dans le traitement par la chaîne des événements au Burundi.
Accompagné de deux membres de son équipe, le journaliste a quitté Bujumbura ce jeudi pour Kigali, au Rwanda. Il y a une dizaine de jours, une journaliste de la BBC, pourtant titulaire d’un visa, avait été refoulée à son arrivée à l’aéroport de Bujumbura.
De nombreux journalistes étrangers sont venus au Burundi pour y couvrir la crise politique en cours, la préparation du cycle électoral qui devait débuter ce vendredi - par des législatives et des municipales, finalement reportées à une date indéterminée, avant une présidentielle prévue le 26 juin -, et le mouvement de contestation populaire contre un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza. Ces journalistes ont pu travailler en toute liberté dans les rues de la capitale, mais la pression des autorités est nettement montée d’un cran ces trois dernières semaines, à mesure que les incidents se multiplient et que la police accentue sa répression des manifestations. Plusieurs journalistes ont été l’objet de menaces, parfois même de menaces de morts, par des officiers de la police ou des responsables des services de sécurité, alors qu’ils couvraient les manifestations ou des incidents de sécurité.