KARL ZERO : dans la peau d’un coproducteur de film
Paris - Publié le mercredi 31 mai 2006 à 10 h 37 - n° 161555« Dans la peau de Jacques Chirac, une sorte d’autobiographie non autorisée, est un film qui a nécessité deux ans de travail, dont le budget est de 1,8 M€ et qui, réalisé sans participation de chaînes de télévision, devra réunir quelque 400 000 spectateurs en salle pour que nous rentrions dans nos sous. » C’est ce qu’a indiqué hier Karl Zéro, répondant à nos questions à l’issue d’une projection en avant-première du film dont sa société Méfiez-vous des contrefaçons est, avec Bonne Pioche, le coproducteur, une projection organisée par Warner Vision, distributeur du futur DVD. « Ce film n’est pas un film à charge et même si Jacques Chirac n’a jamais rien fait (de positif, ndlr), on lui pardonne tant il restera l’image d’un type sympa », estime Karl Zéro. Et, paradoxalement, le film réalisé par Karl Zéro et Michel Royer à base d’archives de l’Ina (« l’Ina est notre premier poste de dépenses, mais notre collaboration avec eux - qui comprend un coup de main sur les bonus - a été excellente », indique Yves Darondeau, producteur, Bonne Pioche), rend effectivement le personnage de Jacques Chirac, plutôt sympathique. Et ceci en dépit du fait que le film, parfois au prix d’une certaine dose de mauvaise foi - les extraits étant parfois pris hors contexte -, met en évidence les multiples contradictions et volte-face du personnage. Mais le tout fonctionne parfaitement bien et les spectateurs rient de bon cœur et à de très nombreuses reprises tout au long du film, en suivant la longue carrière d’un vrai pro de la politique exerçant consciencieusement son métier avec une dose évidente de rouerie et de cynisme. « Je m’en sors toujours », fait dire le faux commentaire à Jacques Chirac, et c’est, appliquée à son image à l’issue du film, effectivement l’impression qui en ressort. Ce commentaire, sur des textes de Karl Zéro dits sur la voix off de Jacques Chirac par Didier Gustin, est particulièrement savoureux : parlant de l’époque où Jacques Chirac était maire de Paris, on y évoque « l’Hôtel de ville, face au BHV, à une époque où on n’y organisait pas des fêtes pour Pink TV ». Ou le score de 82 % de Jacques Chirac en 2002 « plus fort que Mitterrand et que De Gaulle, et sans vaseline ». Autre grand moment, les yeux d’Elise Lucet interrogeant Jacques Chirac et commentant déjà ainsi de manière éloquente l’énormité - mise a posteriori en évidence par le film - des réponses apportées à ses questions. Ou encore les grands de ce monde, prêts pour une photo de famille pour laquelle Jacques Chirac est en retard, entonnant en cœur Frère Jacques…
Que l’on apprécie ou pas Jacques Chirac, que l’on aime ou pas la politique, on ne peut que passer un excellent moment en voyant ce film. Courez-y !
JW