COLLOQUE MASTER 226 PARIS-DAUPHINE : la haute définition, une technologie encore « à peine mature »

Dans cinq ans, plus de 50 % de foyers seront équipés d’écrans HD, selon les prévisions de l’institut Gfk, citées par Arnaud Bosom, directeur Technologies de TF1, lors d’un colloque organisé hier par le Master 226 Paris-Dauphine sur le thème de « la télévision haute définition ». Toutefois, si la majorité des acteurs s’accordent à reconnaître l’évidence de la HD, la technologie est aujourd’hui « à peine mature » selon les termes de Patrick Sevian, directeur Business Broadcast de Sagem. « C’est une technologie basée sur des chipsets (composants HD) assez complexes dont la disponibilité sur marché ne s’est pas avérée aussi grande que ce que l’on avait espéré », a-t-il indiqué.
Le Groupe Canal+ qui a lancé la diffusion en HD de la chaîne premium Canal+ sur le satellite le 30 mars dernier, a commandé 200 000 terminaux HD pour pré-équiper le parc. « Nous avons opté pour le satellite car nous estimons que la HD doit être pour tous, et à ce jour, le satellite est le meilleur vecteur, a souligné Joseph Guégan, directeur général adjoint technologies et systèmes d’information de Canal+, dga technologie. Par ailleurs, avec le satellite, nous avons la capacité suffisante en bande passante pour parvenir à créer un bouquet de chaînes HD significatif dans deux ans, à raison d’une chaîne tous les trois mois », a-t-il indiqué, ajoutant que « le contenu HD doit être spectaculaire, ce qui nécessite un travail d’édition ».

Canal+ : pour une diffusion en HD sur le R3 début 2007

Arnaud Bosom a par ailleurs rappelé la problématique de la HD sur la TNT. « La diffusion d’une chaîne HD nécessite aujour-d’hui 12 Mgbits, a t-il précisé. Or un multiplex TNT ne dispose que de 24 Mgbits. On ne peut donc mettre que deux chaînes en HD sur un multiplex ». De son côté, Joseph Guégan a souligné qu’« il n’y a pas de problème de décodeur HD pour la TNT ». Il a indiqué souhaiter « demander l’autorisation au CSA pour passer Canal+ en HD sur le multiplex R3 que gère le Groupe Canal+ ». Il a évoqué un possible « lancement en début d’année prochaine, sous réserve de validation technique au fur et à mesure que sera amélioré le Mpeg-4 ». Evoquant le coût de la HD, Joseph Guégan a indiqué : « Nous avons mis en place un plan de marche HD sur deux à trois ans, avec une option HD au tarif de 9 € / mois. La HD est une lame de fond. Il faut qu’on y participe. Elle constitue une valeur ajoutée et donc un coût pour l’abonné. »
« Tous les maillons de la chaîne sont prêts à fonctionner, a souligné Philiipe Poels, ex-président du Simavelec. Il manque toutefois un élément (pour la diffusion HD sur la TNT, ndlr). Il appartient au CSA et aux pouvoirs publics d’établir une feuille de route, un calendrier clair du lancement de la HD. Que l’on précise le cadre juridique et les spécifications. Les industriels, les éditeurs et les diffuseurs feront leur travail ». Evoquant la norme HD Ready qui « garantit l’interopérabilité », Jean-Pierre Lacotte, président du HD Forum et vice président d’Itea, a précisé qu’il s’agissait d’« une norme a minima ». « Certains appareils sont plus HD que d’autres. A chacun des constructeurs d’établir la classe des écrans qu’il délivre », a-t-il ajouté.
Enfin, l’ensemble des intervenants ont reconnu la nécessité de clarifier le message et de simplifier les paramètres d’usages pour le consommateur (connectique…). Un effet de pédagogie de la part des éditeurs de programmes et des distributeurs a été fortement préconisé.