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UN AN DE TNT : 3 questions à TMC, LCP-Assemblée nationale et Public Sénat

Paris - Publié le vendredi 31 mars 2006 à 10 h 32 - n° 217517

Un an après le lancement de la TNT gratuite, nous avons interrogé chacun des dirigeants des chaînes de cette nouvelle offre et avons publié leurs réponses tout au long de cette semaine. Aujourd’hui, les patrons des chaînes TMC Monte Carlo, LCP-Assemblée nationale et Public Sénat dressent le bilan de cette première année sur le numérique terrestre.

Laurent Fonnet, directeur général, directeur de l’antenne de TMC Monte Carlo :

Quel bilan tirez-vous d’une première année de grille TNT de TMC Monte Carlo ?
Nous n’avons pas lancé de nouvelle grille en mars 2005. L’arrivée de la chaîne sur le numérique hertzien nous a permis de rencontrer un nouveau public qui a confirmé l’orientation éditoriale mise en place. Notre objectif est de faire rêver le téléspectateur en proposant une offre de programmes non violents inspirant la sérénité et le bien-être. En septembre 2005, nous avons opté pour un renouvellement serein avec un changement à 40 % de la grille. Nous avons conforté les fondamentaux avec une grille simplifiée proposant notamment quatre héros récurrents en prime time dans la semaine (Frost, L’inspecteur Morse…). TMC propose une offre de séries que nous voulons identitaires, notamment Hercule Poirot qui affiche 7 à 8 % auprès des ménagères de moins de 50 ans. Nous développons également un axe événementiel lié à la Principauté de Monaco et l’AS Monaco. Ces choix ont été largement validés : le nombre de téléspectateurs recevant TMC est passé de 12,924 millions il y a un an à 19,253 millions lors du dernier MediaCabSat. TMC qui bénéficiait déjà d’une notoriété acquise, a confirmé la relation de confiance avec le téléspectateur en prenant le leadership avec 6,1 % de pda sur les 4 ans et plus équipés TNT en janvier (chiffres Médiamétrie).

Qu’en est-il du bilan économique ?
TMC qui ne bénéficie plus de rémunérations des opérateurs depuis son arrivée sur la TNT, est désormais à 100 % commerciale. En année pleine, les recettes issues des abonnements se situaient à 12 M€. L’année 2005 a été difficile en raison de la nécessité de créer une régie indépendante dans le cadre de la reprise de la chaîne par TF1 et AB. Celle-ci a été créée en avril 2005. Nous avons donc fonctionné de juillet 2004 à mars 2005 avec une activité commerciale très réduite. Toutefois, le bilan de cette première année en TNT est positif. Le chiffre d’affaires publicitaires 2005 est de 14 M€ contre 10 M€ bruts pour 2004. Nous avons constaté un fort intérêt de nouveaux annonceurs. Le newbiz représente 30 % des investissements. Pour 2006, nous tablons sur 30 M€ bruts. Par ailleurs, nous avons procédé à une restructuration des coûts en optant pour une localisation de la chaîne à Monaco. L’objectif est de rééquilibrer, à budget constant (20 M€/an), les charges de structure au profit de l’investissement dans les programmes. La chaîne émettra de Monaco à partir du 7 avril. La régie finale et la programmation, la direction générale et la direction financière s’installeront à Monaco tandis que la régie publicitaire, les départements Communication et marketing, et Acquisitions de programmes resteront à Paris.

Comment abordez-vous l’an 2 de la chaîne et de la TNT ?
Nous allons maintenir la ligne éditoriale et installer de nouvelles émissions et de nouvelles séries. Nous avons stabilisé nos coûts afin d’investir dans les contenus. Nous sommes actuellement en recherche d’idées et de concepts en cohérence avec la grille actuelle. Nous avons notamment vu Endemol, O Production, 3ème Œil et TV Only. Nous voulons les projets les plus aboutis économiquement et les plus pertinents.

Richard Michel, pdg de LCP-Assemblée nationale :

Quel bilan tirez-vous de la première année de grille TNT de LCP-Assemblée nationale ?
J’en tire un bilan très positif. La TNT a sérieusement boosté la marque LCP ; elle nous a permis d’ancrer une offre politique et parlementaire dans le paysage audiovisuel. Depuis une quinzaine année, les grandes chaînes ont relégué la politique, au sens noble du terme, au second rang. La TNT a permis de voir enfin la politique en grand, sous des angles multiples, qui échappent au petit jeu des petites phrases. C’est une avancée citoyenne, fort utile en ces temps tourmentés. C’est la valeur ajoutée de LCP. La TNT nous offre l’opportunité d’élargir au maximum l’espace citoyen ; à nous de proposer des programmes attrayants, comme nous l’avons fait avec la commission d’enquête parlementaire dite d’Outreau.

Qu’en est-il du bilan économique ?
Notre chaîne ne dispose pas de recettes publicitaires, qui nous sont interdites par la loi. La subvention publique, qui nous vient de notre unique actionnaire l’Assemblée nationale, se monte à 11 M€ en 2006, dont 65 % vont à la grille. Notre actionnaire l’a jugé nécessaire car il a estimé qu’il s’agissait d’un investissement politique. Mon objectif a toujours été clair : associer cet investissement à une stratégie de gain de part de marché.

Comment abordez-vous l’an 2 de la chaîne sur la TNT ?
De façon très offensive ! Cette 2ème année, qui va voir la TNT occuper fin 2007 90 % du territoire, est l’occasion pour nous de renforcer notre marque. Deux événements marqueront 2007 : les élections présidentielle et législatives, qui symbolisent des rendez-vous politiques de première importance. Nous allons faire la différence en terme de volume, puisque nous irons au-delà des JT, débats et traditionnelles soirées électorales ; nous programmerons également des séries documentaires - certaines, en préparation, seront coproduites avec d’autres chaînes -, des grands reportages. Nous effectuerons par ailleurs un travail personnel de renforcement du caractère des émissions qui existent déjà. A plus court terme, nous allons renforcer l’esprit des thématiques mensuelles qui ont très bien marché. Je vais également poursuivre notre stratégie de partenariat - avec l’arrivée, bientôt, de grands titres de presse et des radios - et, je pense, de signatures, comme dernièrement avec Bruno Masure, Gérard Carreyrou. Nous produisons actuellement environ 85 % de notre grille en interne et nous allons développer, de manière ciblée, les coproductions extérieures. A la demande de la commission d’enquête, nous allons ainsi produire avec France 5 un grand document sur Outreau. Nous allons également lancer prochainement avec Odyssée une coproduction sur le monde rural.

Jean-Pierre Elkabbach, pdg de Public Sénat :

Quel bilan tirez-vous de la première année de grille TNT de Public Sénat ?
Un bilan très positif. Nos objectifs ont été pleinement atteints, autour de la stratégie des 3D (direct, débats et documentaires) que nous défendons depuis 6 ans. Nous avons essayé de nous imposer comme la télévision politique en direct de référence avec, parallèlement à la diffusion des événements du Sénat, la programmation de deux tranches d’information politique et parlementaire et la retransmission en intégralité des grands événements politiques, nationaux et internationaux. Les nombreux retours des téléspectateurs et l’intérêt des journalistes pour nos programmes démontrent qu’une première bataille a été gagnée : celle de la notoriété. La donne a changé, nous sommes maintenant une parmi 18, et non plus une parmi 100 chaînes du câble ou du satellite. Pour être dans nos missions et pour être nous-mêmes, nous demeurerons décalés dans le ton, si possible, originaux dans le style, concentrés sur les enjeux et les problèmes et pas sur les émotions.

Qu’en est-il du bilan économique ?
Public Sénat n’a pas accès à la publicité et aux abonnements ; sa subvention pour 2006 est de 10,7 M€. La mission de la chaîne est de proposer au plus grand nombre des émissions d’information politique, en intégralité et aux heures de grande écoute, qui ne trouvent pas leur place sur les autres chaînes. La réussite de la TNT nous permettra d’atteindre, j’en suis convaincu, cet objectif d’intérêt général.

Comment abordez-vous l’an 2 de la chaîne et de la TNT ?
Avec plein d’envie et d’enthousiasme. 2006 ouvre un cycle exceptionnel de trois années. Trois années de politique, et pour nous, du « tout politique » : 2006 pour la préparation, 2007 et 2008 pour les scrutins présidentiel, législatif, sénatorial et municipal. La grille de la campagne électorale va se préparer dès la rentrée de septembre et nous avons le projet de mettre en place début 2007 un deuxième plateau qui pourra accueillir du public. Public Sénat consacre 1/3 de sa grille aux travaux parlementaires et 2/3 à des programmes d’information politique produits en interne, coproduits ou achetés lorsqu’il s’agit de documentaires. Nous développons ainsi de nouveaux projets de documentaires, comme Le beau combat (Sundeck Films, ndlr), une coproduction avec France 3 Ouest et l’Ina sur l’Amoco Cadiz, ou encore deux documentaires lancés dans le cadre de l’ouverture en juin du musée du Quai Branly, l’un plutôt axé sur les œuvres et le contenu du musée (Gédéon Programmes), l’autre sur l’architecture et Jean Nouvel (Kilaohm).
Public Sénat montre la politique autrement, montre qu’on peut, et qu’on doit répondre au désir de politique des citoyens. Nous serons au plus près de leurs préoccupations et de leurs aspirations. En ce sens, nous sommes une télévision de proximité qui a du temps et qui prend son temps.

Fin
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