Début

IFA BERLIN : présentation de la première TV BitTorrent, certifiée officielle

Paris - Publié le jeudi 8 septembre 2011 à  5 h 57 - n° 237662

(meta-media.fr, blog collectif de France Télévisions sur l’évolution des médias traditionnels, des nouveaux médias et du journalisme. Extrait d’un papier d’Eric Scherer, directeur à France Télévisions de la prospective, de la stratégie numérique et des relations internationales liées aux nouveaux médias, et coordonnateur de ce blog)

J’ai vu la première BitTorrent TV certifiée officielle ! Le pire cauchemar des studios d’Hollywood, des networks, des chaînes de télévision et des producteurs du cinéma comme de l’audiovisuel, trône cette semaine au cœur du salon de l’électronique de Berlin (IFA). Sans se cacher, c’est au beau milieu du spectaculaire et très fourni stand du fabricant turc de téléviseurs Vestel, l’un des tout premiers constructeurs européens d’écrans, que se niche cette bombe à retardement pour la TV connectée.
C’est un prototype de démonstration, mais Vestel a bien passé un accord avec la firme californienne comme l’indique leur communiqué commun : « Cette première TV BitTorrent certifiée va permettre aux consommateurs de trouver, regarder et partager directement sur leurs téléviseurs tous types de contenus médias personnels, de contenus produits de manière indépendante et de fichiers internet. » Et, pour le directeur du marketing de Vestel, Hakan Kutlu, « la télévision reste l’appareil le plus populaire pour visionner des contenus multimédias au salon quel que soit leur origine ».
BitTorrent étant un protocole de communication, de transfert et de partage décentralisés de fichiers entre internautes (de pair à pair), Vestel intègre donc officiellement dans la TV connectée les fonctions de téléchargement et de visionnage de fichiers vidéo d’où qu’ils viennent sur le web par des internautes qui n’ont pas nécessairement les droits sur ces contenus ou qui les ont peut être acquis illégalement. Ce mode de transferts de fichiers (entiers ou en morceaux, d’une source ou de plusieurs) est d’ailleurs aussi apprécié en raison de sa rapidité liée à une faible bande passante requise.
Souhaitant les répliquer sur la télé du salon, Vestel dit vouloir coller aux usages ouverts des futurs télénautes, symbolisés par les plus de 100 millions d’utilisateurs d’ordinateurs revendiqués par BitTorrent. Mais ce blanc seing donné par un grand constructeur est un pavé jeté dans la marre des majors du cinéma et des producteurs indépendants qui redoutent par dessus tout de subir à court terme le sort peu enviable de leurs collègues de l’industrie du disque, déstabilisés il y a dix ans par Napster et incapables d’anticiper ni même de réagir, quelques années plus tard, à l’offre légale iTunes d’Apple. En cinq ans, le volume de vidéos de films piratées en Grande Bretagne a ainsi augmenté de 30 %, a rapporté récemment la BBC. En Europe, des associations d’artistes ont demandé à Bruxelles de durcir les lois pour protéger les copyrights, notamment via les FAI.
Aux Etats-Unis, des syndicats de producteurs cherchent aussi à sensibiliser le public à ce problème. Mais en Amérique du Nord, des compagnies comme Netflix avec leur offre légale ont déjà permis de lutter efficacement contre le piratage. Son trafic est déjà supérieur à celui de BitTorrent. Cette initiative de Vestel et de BitTorrent donne toutefois une bonne indication des bouleversements qui s’annoncent à l’heure de la convergence d’internet et de la télévision.

Fin
loader mask
1