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Tatort : millième épisode pour la série policière culte du monde germanophone

Paris - Publié le lundi 14 novembre 2016 à  6 h 56 - n° 246887

Véritable institution en Allemagne, la série policière Tatort, lancée fin novembre 1970 sur le réseau régional de l'ARD, a fêté ce dimanche son millième épisode. L’année dernière, cette série diffusée chaque dimanche, immédiatement après le JT de 20h, a réuni en moyenne 10 millions de téléspectateurs dans le pays, soit un quart de part de marché, avec un pic à 13,69 millions le 8 novembre 2015, son record. Et cinquante millions d’Allemands regardent au moins un épisode par an. Tatort reste, depuis 2009, la fiction nationale la plus regardée en Allemagne, devant Police 110… créée il y a quarante-cinq ans (nos informations du 29 juin).
Quant à savoir d’où vient ce succès, « c’est un grand mystère que personne n’arrive vraiment à élucider », avoue Peter Dörfler, coauteur d’un documentaire sur la série diffusé après ce millième épisode. Plusieurs hypothèses sont avancées, au premier rang desquelles le caractère régional de cette série dont les épisodes de 88 minutes chacun font alterner 22 équipes de commissaires basées dans différentes villes, principalement en Allemagne mais aussi en Autriche (Vienne) et en Suisse (Lucerne) : l'ORF et la Télévision suisse sont devenues coproductrices.

Une durée de vie initialement estimée à deux ans

« L’Allemagne n’est pas faite d’un seul bloc. Il y a la Bavière, le Nord, le Mecklembourg-Poméranie, […] il y a Berlin… Toutes ces régions apportent quelque chose à l’Allemagne. C’est pareil pour la culture et pour les chaînes de télévision. Ce régionalisme tient le rôle principal dans Tatort », estime ainsi son créateur, Gunther Witte. Lorsque germe dans sa tête l’idée de monter une série policière avec l’ensemble des télévisions régionales du réseau ARD, jamais il n’imagine qu’elle se prolongera si longtemps. Sa durée de vie était alors estimée à deux ans. Mais quarante-six ans plus tard, Tatort est toujours là et plus que jamais populaire, toutes générations confondues.
Autre raison avancée pour tenter d’expliquer son succès : la série ne reflète pas seulement le caractère fédéral de l’Allemagne mais aussi l’actualité et les débats de société qui agitent le pays. L'épisode du 6 novembre racontait ainsi l’histoire de la dérive criminelle d’une jeune fille convertie à l’islam et basculant dans le jihadisme. Et, dans la foulée du film, le principal talk-show politique allemand, Anne Will (du nom de sa présentatrice), a consacré un débat à la radicalisation de jeunes en Allemagne.
Le millième épisode, symboliquement intitulé comme le tout premier Taxi nach Leipzig (« Taxi pour Leipzig »), a été confié à Alexander Adolph. Il en a fait un huis clos angoissant dans un taxi roulant à toute allure jusqu'à cette ville de l’est de l’Allemagne. « En tant qu’auteur ou réalisateur, cette série représente pour moi une grande liberté artistique  », explique le réalisateur. « En tant que téléspectateur, Tatort représente pour moi l’histoire de la télé, celle que je regarde depuis que je suis enfant. A l'époque, c'était sacré. »
A noter qu’en France, la série dont quelques épisodes ont été essentiellement diffusés sur La5 à la fin des années 1980, l’a été sous ce titre et sous le titre Sur les lieux du crime. Elle avait aussi donné lieu à la création d’un commissaire plus célèbre que les autres : Schimanski, également sur La5.

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