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Cannes 2018 : les professionnels réticents à l’instauration de quotas entre les femmes et les hommes

Paris - Publié le mercredi 9 mai 2018 à 21 h 17 - n° 257411

Plusieurs professionnels du cinéma ont plaidé pour des engagements pour l’équité entre les femmes et hommes dans le secteur plutôt que la mise en place de quotas artistiques lors des débats « Les femmes et le cinéma », organisés mercredi 9 mai par la Semaine du Cinéma Positif dans la tente du CNC lors du Festival de Cannes.

« Je suis contre les quotas. Le talent doit être l’élément le plus important dans un film. Ce combat hommes et femmes m’agace », a indiqué le producteur Dominique Besnehard. Pour le journaliste Jean-Pierre Lavoignat, l’instauration de quotas ne doit pas s’appliquer à l’ensemble de l’industrie. « Imposer un quota 50/50 pour l’avance sur recettes ne serait pas judicieux. Un film ne saurait pas s’il a été sélectionné parce qu’il était bon ou parce qu’il doit remplir les quotas. En revanche, l’instauration de ces mesures dans les commissions voire les formations peut être intéressante. »

« Un combat à mener avec les hommes et pas contre eux »

Pour la productrice Sylvie Pialat (Les Films du Worso), il est important de privilégier le mot équité à celui de parité dans « ce combat à mener avec les hommes et pas contre eux ». « Nous ne ferons jamais les choses de la même façon. Il faut arrêter avec la singerie masculine pour arriver à des postes importants. On n’y arrivera que tous ensemble, tous sexes confondus. » La productrice met également en avant les différentes situations concernant cette équité. « En France, nous sommes gâtées, des combats ont déjà été menés. Dans certains pays, être productrice est une blague. » Un constat partagé par la réalisatrice nigérienne Aicha Macky qui « se bat déjà pour un métier, longtemps réservé aux hommes ». Cette dernière s’étonne de la possible mise en place de quotas. « Cela voudrait dire que les femmes ne sont pas capables d’accéder à ces postes sans ces aides. » La productrice Vérane Frédiani (La Fabrique 2) déplore, elle, « un manque de financement sur les sujets féminins » notamment ceux concernant les femmes de plus de 25 ans et les films qui ne sont pas liés aux relations amoureuses.

Pour Fanny Aubert Malaurie, conseillère cinéma de l’Institut français, sororité, empathie et bienveillance sont les points clés pour développer cette équité. « Au-delà de la lutte contre le harcèlement sexuel, il faut désormais s’insurger pour l’équité. Nous souhaitons des chiffres et du concret pour avancer. C’est le cas. »

Selon Christophe Tardieu, directeur général délégué du CNC, la France compte le plus grand nombre de femmes réalisatrices de longs métrages en Europe. Le nombre de films réalisés par des femmes a progressé de 63 % en dix ans. « L’écart se réduit, la place des femmes se renforce même si les efforts doivent se poursuivre et s’accentuer », a-t-il ajouté, mentionnant notamment les futures assises de l’égalité femmes-hommes dans le cinéma et l’audiovisuel au mois de juin. Ces rencontres entre les professionnels déboucheront sur la signature d’une charte.

Débat Cannes 2018 sur la place des femmes dans l'industrie du cinéma - © CNC
Débat Cannes 2018 sur la place des femmes dans l'industrie du cinéma - © CNC
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