Cannes/SACD : France 2 et France 3 Cinéma ne peuvent suppléer à la baisse des financements privés
Paris - Publié le jeudi 10 mai 2018 à 14 h 57 - n° 257434Valérie BoyerValérie Boyer, dg de France 2 Cinéma, et Cécile NégrierCécile Négrier, dg de France 3 Cinéma, ont ouvert jeudi 10 mai les traditionnelles Rencontres professionnelles organisées par la SACD pendant le Festival de Cannes, animées par son dg Pascal RogardPascal Rogard.
Conséquence de la réduction des investissements de Canal+ et de la télévision payante en général, Cécile Négrier a indiqué sentir que les producteurs ont de plus en plus de mal à monter leurs projets. Ils « sont en souffrance et beaucoup de projets sont abandonnés », a-t-elle regretté, tout en estimant « ne pas avoir la vocation et les moyens de pouvoir suppléer à cette désaffection des financements, même si nous essayons de relever le pourcentage de nos investissements ». En guerre, de Stéphane Brizé, non soutenu par Canal+, a notamment bénéficié d’un investissement accru de la part de France 3 Cinéma, car « nous avions la conviction que ce film devait se monter », a-t-elle ajouté.
Des films qui arrivent « essorés » à l’antenne
Si les fictions de France Télévisions performent autant à l’antenne, c’est parce qu’elles « arrivent fraîches », a estimé de son côté Valérie Boyer, en opposition aux films qui « arrivent un peu essorés », souvent plus de 30 mois après leur sortie en salles et après de nombreuses diffusions sur le privé. Certains films fonctionnent bien à l’antenne, notamment quand ils ont enregistré beaucoup d’entrées en salles. De son côté, Cécile Négrier indique que « sur la case cinéma, on souffre un peu sur France 3 », même si la comédie est un genre qui fonctionne bien, à condition que le film n’ait pas eu trop de diffusions avant. C’est pour cette raison que France 3 Cinéma s’attache notamment à des sujets sociétaux avec « des thèmes qui pourraient paraître délicats aux yeux des autres guichets », à l’image de La Finale, de Robin Sykes, qui traite de la maladie d’Alzheimer.
Cécile Négrier déclare également être très attentive aux audiences des films français à l’antenne, pour guider les choix éditoriaux. Depuis presque deux ans, France 2 et France 3 Cinéma disposent chacune d’un comité pour valider avec l’antenne les projets sélectionnés en amont.
« Urgence » sur la question du replay pour les films
Concernant la possibilité d’avoir un jour du rattrapage sur les films diffusés à l’antenne, les choses n’ont toujours pas bougé, dans la mesure où les discussions autour de la chronologie des médias n’avancent pas. « C’est un enjeu très important pour nous », souligne Cécile Négrier, pour qui « il faut à tout prix éviter que le cinéma soit déréférencé ». « Il y a urgence, nous nous tirons une balle dans le pied », ajoute-t-elle car « le téléspectateur ne comprend pas pourquoi il peut rattraper une fiction et pas un film ».
France 2 et France 3 Cinéma disposent d’une enveloppe correspondant à 3,5 % du chiffre d’affaires des antennes. En 2017, cela représentait 35 millions d’euros pour France 2 Cinéma et 22 M€ pour France 3 Cinéma. Les filiales cinéma ont investi chacune dans une trentaine de films, avec une moitié de films d’auteur dont l’ambition est d’être sélectionnés dans de grands festivals, et l’autre moitié destinée à alimenter la case cinéma (le dimanche soir pour France 2 et le jeudi soir pour France 3).