Cannes 2018 : les discussions sur la chronologie des médias recentrées sur les 4 points de blocage

Françoise NyssenFrançoise Nyssen, ministre de la Culture, s’est adressée aux professionnels du cinéma lors du Rendez-vous du CNCCNCCentre national du cinéma et de l’image animée, samedi 12 mai au Festival de Cannes.

Elle est notamment revenue sur la chronologie des médias, rappelant une nouvelle fois que « le statu quo n’était objectivement plus tenable aujourd’hui ». Les négociations engagées avec la médiation ne parvenant toujours pas à aboutir, la ministre a voulu encadrer fermement les négociations finales, tout en indiquant « garder confiance dans la force de proposition de la filière ». C’est ainsi que, pour « donner une réelle chance à un accord, les discussions ne doivent pas se perdre en revendications extérieures à la chronologie des médias », a-t-elle ajouté. C’est pourquoi elle a demandé aux médiateurs de se concentrer sur les quatre points essentiels de blocage : la dérogation pour réduire à trois mois l’exploitation des films en salles, l’avancée de la fenêtre de télévision payante, la durée de cette fenêtre ainsi que la place de la vidéo par abonnement. Les médiateurs seront chargés de définir « un couloir de discussion », en dehors duquel il ne sera pas possible de négocier. Sans accord, Françoise Nyssen a rappelé qu’elle « prendra ses responsabilités » et agira par la loi.

Une mission sur de nouvelles incitations fiscales

La ministre a par ailleurs annoncé le lancement d’une mission sur le développement de nouvelles incitations fiscales, confiée à Dominique Boutonnat, producteur (Electrick Films). « Nous connaissons le rôle joué par les SoficaSoficaSociétés pour le financement de l'industrie cinématographique et audiovisuelle, nous devons utiliser d’autres produits d’épargne pour attirer de nouveaux financements pour le cinéma », a-t-elle déclaré. Cette mission aura pour objectif de proposer de nouveaux mécanismes « au service de la filière indépendante et du risque artistique ».

Autre défi à relever, l’adaptation du modèle de régulation au numérique, pour y faire rentrer les nouveaux acteurs. « C’est le sens de la bataille au niveau européen autour de la directive SMASMAServices de médias audiovisuels, que nous sommes en passe de gagner », a ajouté Françoise Nyssen. Elle a également indiqué avoir rencontré Reed Hasting, le pdg de Netflix lors du festival Séries Mania, qui s’est « engagé à respecter les nouvelles règles et à investir dans la production française », une annonce vivement applaudie par l’assistance. « Les acteurs comme Netflix ont leur place dans notre écosystème dès lors qu’ils se conforment à nos règles en matière de droit d’auteur, de production indépendante et de diffusion des films dans les salles », a-t-elle estimé.

Sur le piratage, Françoise Nyssen a déclaré qu’il fallait « entrer dans une nouvelle ère et améliorer les mécanismes existants » contre les sites pirates de streaming et de téléchargement. La prochaine loi sur l’audiovisuel intégrera ainsi la création d’une liste noire de ces sites et permettra de renforcer le pouvoir des juges et de la HadopiHadopiHaute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet, fusionnée avec le CSA pour donner naissance à l'Arcom, le 1er janvier 2022. « Défendre le cinéma, c’est soutenir la création et garantir la protection de sa valeur », a-t-elle déclaré, avant de conclure qu’elle était « aux côtés des professionnels » sur ce sujet.

Enfin, sur l’égalité entre les femmes et les hommes, Françoise Nyssen a indiqué qu’elle travaillait sur des mesures concrètes comme une charte de l’égalité, une conditionnalité des aides du CNC et l’organisation d’assises en juin pour débattre de ces mesures avec l’ensemble des professionnels du secteur.

« Jamais la France n’a autant aidé la création étrangère » (Frédérique Bredin)

Frédérique Bredin, prenant la parole avant la ministre, a salué l’action de la ministre sur tous ces sujets, est revenue sur « la responsabilité de la France d’incarner une vision généreuse, ouverte, engagée et exigeante » pour le cinéma. Elle a rappelé que la France était à la fois le pays du cinéma d’auteur, mais également une terre d’accueil pour les cinéastes du monde entier, avec cette année 12 films en compétition qui ont bénéficié de l’avance sur recettes et 25 de l’aide aux cinémas du monde. « Jamais la France n’a autant aidé la création étrangère, au Kenya, en Syrie, au Kazakstan, en l’Islande et en Afrique du Sud », a-t-elle ajouté.

[Retrouvez dans la version enrichie de cet article nos photos de l’événement.]