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Joël Wirsztel : 25 ans de « Satellifax », 25 ans d’audiovisuel

Paris - Publié le samedi 7 novembre 2020 à 19 h 41 - n° 287494

(Joël Wirsztel, directeur de la rédaction et de la publication de Satellifax, interrogé par Philippe Vacquié, Le Mag de TV France international, 4 novembre 2020)

TV France International : Joël, vous venez de célébrer les 25 ans de Satellifax. 25 ans de journalisme, quels sont pour vous les moments mémorables ?
Joël Wirsztel : Satellifax vient effectivement de fêter ses 25 ans d’existence au mois d’octobre de cette année. Une jolie aventure que j’ai initiée seul en 1995, sans expérience dans le journalisme mais par passion pour ce domaine de la télévision et de sa diffusion par le satellite. Au début, les informations étaient diffusées sur Minitel, par Audiotel (récitées donc au téléphone !) et par fax… d’où ce nom Satellifax, qui est aujourd’hui une vraie marque, certes un peu étrange et datée, mais connue et reconnue. La page recto verso des débuts s’est transformée en quelque 15-20 pages quotidiennes, complétées par un hebdomadaire, Satellifax Hebdo, et deux magazines chaque semaine en alternance, Satellifax Magazine et Satellifax Talents. L’équipe est aujourd’hui constituée de 12 journalistes sous la direction d’Yvane Dréant pour le quotidien et l’Hebdo, et d’Anne-Sophie Filhoulaud pour Magazine et Talents. A l’occasion de la semaine de nos 25 ans, nous avons ouvert un Livre d’or dans nos colonnes et avons été très touchés par les très nombreuses marques d’appréciation de notre travail.
[…]
Q : Ce sont également 25 ans d’évolutions et de mutations du secteur de l’audiovisuel…
JW :  Les évolutions sont évidemment phénoménales, depuis le lancement des offres numériques de CanalSatellite en avril 1996, suivi le 16 décembre de TPS puis, une semaine après, d’AB Sat. Puis ce fut le lancement de la TNT en mars 2005 qui marque l’étape suivante avant l’arrivée de la télévision sur IP et l’offensive des FAI, toujours présents, en matière d’acquisition de droits, d’édition de contenus et de diffusion. Aujourd’hui, nous en sommes à l’ère des plateformes internationales de streaming, majoritairement américaines, qui bouleversent l’économie de l’audiovisuel et la manière de regarder ou plutôt de consommer la télévision. Une note d’espoir, peut-être, avec leur contribution à la création à partir de 2021, dans le cadre de la transposition de la directive SMA.

Ce qui me frappe cependant, c’est la capacité des acteurs de la télévision traditionnelle à s’adapter, et à se renouveler. Canal+ innove avec sa plateforme myCanal dont de nouvelles fonctionnalités viennent d’être annoncées. Il a su également adapter son modèle économique en proposant un premier prix d’abonnement à 10 € par mois pour les jeunes, ou à 7 € pour Canal+ Séries. Les grands groupes privés, M6 et TF1, hors crise actuelle, restent rentables. France Télévisions est réactif et montre qu’il sait adapter son offre. On peut encore noter combien linéaire et délinéaire se complètent de mieux en mieux. France Télévisions et Arte mettent par exemple leurs programmes à disposition dès le matin du jour de diffusion et Arte a créé une plateforme très innovante et riche de nombreux contenus originaux.

L’audience de la télévision traditionnelle reste donc à des niveaux élevés malgré l’abondance de l’offre et continue de rassembler la famille lors de grands événements, majoritairement sportifs, même si les jeunes ont tendance à s’en éloigner. 

Et les trois principaux groupes de télévision en clair ont (enfin, mais les retards ne leur sont pas totalement imputables) fini par réussir à lancer une plateforme commune, Salto, dont ils n’ont pas à rougir face à des acteurs installés.

A souligner aussi l’émergence d’une plateforme française très innovante, Molotov.tv, dont le pari de montrer la richesse de l’offre traditionnelle de télévision est parfaitement réussi. Lui reste cependant à montrer sa capacité à se rentabiliser.

La radio n’est pas en reste et a également su s’adapter, conservant de belles audiences et ayant su développer les podcasts. L’inquiétude est cependant plus grande pour les musicales avec l’émergence confirmée des acteurs du streaming musical, avec des plateformes étrangères comme Spotify, mais aussi française comme Deezer.

Il reste une vraie inquiétude pour l’ensemble des acteurs de la télévision, et pas seulement les acteurs du payant : le déferlement quasiment sans contrôle du piratage, et ce malgré les promesses des pouvoirs publics réitérées depuis des années. […] Cela reste une cause d’inquiétude grandissante pour l’ensemble des filières du secteur, y compris bien entendu et très fortement pour le cinéma.

 : En 25 ans, les exportations de programmes audiovisuels ont été multipliées par trois pour atteindre le quart de milliard d’euros. Comment expliquez-vous cet accroissement de la demande de programmes télévisuels français ?
JW : La prédominance des acteurs anglo-saxons reste indéniable. Ils sont aidés par leur langue, d’une part largement répandue dans le monde, mais aussi devenant de plus en plus un standard dans lequel les contenus sont souvent consommés, même lorsqu’ils sont doublés. A leurs côtés, la France trouve de plus en plus sa place en ayant su, de mieux en mieux, se plier à des standards internationaux (52’, etc.) tout en développant sa singularité dans l’éditorial. De toute évidence, le soutien des pouvoirs publics, dont les mesures récentes de crédit d’impôt, reste essentiel. Et, également bien sûr l’action d’institutions comme TV France International ou UniFrance, pour ne citer que les plus actives.
[…]

Accès à l’intégralité de l’interview via ce lien.

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