Dominique Boutonnat : mis en examen pour agression sexuelle et tentative de viol
Paris - Publié le jeudi 11 février 2021 à 19 h 58 - n° 290563Le président du CNC, Dominique Boutonnat, a été mis en examen jeudi 11 février pour agression sexuelle et tentative de viol, selon le parquet de Nanterre. La plainte, déposée le 7 octobre, émane de son filleul de 22 ans, sans lien familial, pour des faits datant d’août 2020 lors de vacances en Grèce. Dominique Boutonnat a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de contact avec la victime et de se rendre au domicile des parents de la victime, a précisé le parquet.
« C’est une étape nécessaire à la manifestation de la vérité et à la reconstruction personnelle de mon client », a réagi Me Caroline Toby, l’avocate du plaignant, ajoutant qu’un « parrain est comme un père, quel que soit l’âge. Son rôle est de protéger. Dominique Boutonnat était une figure paternelle ». Pour l’avocat de Dominique Boutonnat, Me Emmanuel Marsigny, « cette mise en examen pour des faits contestés, sans qu’aucune confrontation n’ait été organisée traduit une précipitation tout à fait critiquable ». « Il s’agit pourtant d’un droit fondamental pour toute personne mise en cause de pouvoir être confrontée au plaignant avant qu’une décision de cette nature soit prise », a-t-il ajouté.
La pression monte pour écarter le patron du CNC
Dominique Boutonnat, 51 ans, a été nommé président du CNC le 24 juillet 2019, après une longue carrière dans le financement de la création cinématographique et audiovisuelle. Ce jeudi, après l’annonce de sa mise en examen, des producteurs, des réalisateurs ou encore la CGT-Spectacle ont appelé chacun de leur côté à la mise en retrait de la présidence du CNC.
La SRFSRFSociété des réalisatrices et réalisateurs de films a demandé, « sans préjuger des conclusions de la procédure en cours », sa mise en retrait « immédiate », « le temps que le travail de la justice aille à son terme ».
Le SSPISyndicat des producteurs indépendantsPISPISyndicat des producteurs indépendantsSPISyndicat des producteurs indépendants a formulé la même demande, tout en rappelant son « attachement indéfectible à la lutte contre les violences et les harcèlements sexuels ». Même demande du côté de la CGT-Spectacle, qui estime que « même s’il bénéficie de la présomption d’innocence, le dirigeant d’une institution publique comme le CNC, organisme central pour un secteur traversé par des scandales de violences sexistes et sexuelles, doit se mettre en réserve de ses fonctions le temps de la procédure ».
De son côté, l’ARPARPSociété civile des auteurs réalisateurs producteurs estime qu’une mise en retrait immédiate « est nécessaire pour que le travail de la justice puisse se mener le plus sereinement possible ». « Nous appelons également à la rapide nomination d’une nouvelle présidence du CNC, au regard de l’importance des enjeux en cours », souligne l’organisation.
Rappelons que la veille, le collectif 50/50, qui milite pour la parité dans le cinéma et l’audiovisuel et avait notamment été à l’origine de la mise en place par le CNC de formations contre le harcèlement sexuel dans le milieu, avait appelé à sa « mise en retrait », « le temps que la justice puisse dire le droit ».