Canal+ : le syndicat +Libres évoque de nouveaux licenciements à venir à la rédaction des sports
Paris - Publié le lundi 12 avril 2021 à 20 h 32 - n° 292500Plusieurs salariés de la rédaction des sports de Canal+ ont été convoqués à un entretien préalable à leur éventuel licenciement, a indiqué +Libres, premier syndicat du groupe audiovisuel, dans un communiqué diffusé sur Twitter lundi 12 avril.
« S’il ne fait aucun doute que ces convocations sont directement en lien avec la signature, par les salariés concernés, du communiqué de soutien à Sébastien Thoen en décembre dernier, nous imaginons qu’elles ont également un lien avec les “fuites” d’extraits non diffusés du documentaire Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste, dans la mesure où certains salariés font partie du service des documentaires de la rédaction des sports », écrit le syndicat.
Selon les informations de L’Equipe, il s’agirait notamment de Guillaume Priou, responsable de l’émission Sport Reporter et coréalisateur du documentaire Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste. D’après le quotidien sportif, au minimum cinq salariés, tous signataires déclarés de la pétition de soutien à Sébastien Thoen, seraient concernés par ces convocations.
150 collaborateurs du groupe Canal+ avaient signé un texte de soutien à Sébastien Thoen après son licenciement (Satellifax du 4 décembre). L’humoriste avait réalisé un sketch parodiant l’émission de CNews L’Heure des pros. A la suite de cet épisode, Stéphane Guy, journaliste sportif historique de la chaîne, avait été licencié pour l’avoir soutenu. Trois pigistes avaient également été évincés pour le même motif, selon les syndicats du groupe Canal+ (CFE CGC, +Libres et CGT) qui avaient dénoncé « les dérives autoritaires » de la direction (Satellifax du 21 février). Depuis, les signataires de ce texte de soutien continueraient de subir une forte pression (Satellifax des 3 mars et 24 mars).
Selon +Libres, cette série de convocations est aussi liée aux conséquences de la diffusion le 21 mars de Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste, documentaire de Marie Portolano (depuis partie pour M6), dénonçant le sexisme dans le milieu du sport et qui a provoqué des enquêtes internes dans plusieurs médias dont Canal+ (Satellifax du 26 mars). Le groupe a été accusé d’avoir censuré des extraits de ce documentaire qui mettaient en cause le chroniqueur Pierre Ménès, depuis suspendu d’antenne. Certaines de ces images avaient fuité dans la presse.
Ayant appris la convocation de nouveaux salariés en vue d’un licenciement potentiel, +Libres se dit « sidéré » et « choqué » par cette « démarche ». « S’agissant du lien avec le communiqué de soutien, [elle] est une violation évidente des engagements répétés de la direction de cesser les ''représailles'' qui ont déjà donné lieu à plusieurs départs ces derniers mois. S’agissant du lien avec le documentaire, [elle] est particulièrement incompréhensible dès lors que les seuls comportements fautifs en lien avec le documentaire n’ont, eux, fait l’objet d’aucune sanction à ce stade », indique le syndicat dans son communiqué.
Le syndicat déclare qu’il « fera tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher la mise en œuvre de nouvelles sanctions injustifiées. Le fait que les victimes de ces sanctions injustifiées se voient le plus souvent proposer des indemnités en échange de leur silence et de l’absence de contestation ne diminue en effet en rien la gravité de ces agissements ni l’inquiétude qu’ils suscitent pour l’ensemble de la rédaction des sports ».
« Nous appelons, une fois de plus la direction à rétablir la confiance et la sérénité au sein des services et en particulier à la rédaction des sports et à cesser toutes tentatives d’intimidations des salariés et de leurs représentants », conclut le syndicat. Contacté par Satellifax, le groupe Canal+ n’a pas souhaité faire de commentaire.
Communiqué +Libres du 12/04/21 pic.twitter.com/cJJlbvf0b5
— +Libres (@Plus_Libres) 12 avril 2021