Italie : vive polémique après plusieurs nominations dans le groupe public Rai

Une vive polémique a éclaté en Italie autour des nominations de plusieurs hauts responsables de la Rai, la radio-télévision publique - dont les directeurs des trois principaux journaux télévisés - qui sont régies par un partage des postes négocié entre les partis politiques. « Les nominations au sein de la Rai, au-delà des qualités professionnelles spécifiques des directeurs choisis, […] ont été faites sur la base d’indications politiques précises », a dénoncé, jeudi 18 novembre, la sénatrice Loredana De Petris, du petit parti de gauche LeU et membre de la Commission de contrôle de la Rai.

Ce système de nominations, en vigueur depuis des décennies, est régulièrement critiqué par le perdant du jour. Giuseppe Conte, ex-chef du gouvernement et actuel leader du Mouvement 5 étoiles, a ainsi menacé de boycotter la Rai, accusant le patron de la télévision publique d’avoir « choisi d’exclure uniquement » son parti des discussions sur les nominations. Cette habitude de nommer à des postes de direction des journalistes proches de tel ou tel parti « date de la moitié des années 1980 », explique Marco Marturano, expert en médias et professeur dans plusieurs universités italiennes.

« L’Italie représente un cas, une anomalie, du moins en ce qui concerne l’Europe occidentale et les Etats-Unis, même si, dans ces pays aussi, la géographie politique influence la nomination des responsables » des médias publics, a-t-il nuancé.

« Nous devrions essayer, dans le cadre de tous les changements initiés par le gouvernement Draghi, de changer également le schéma » des nominations, les dernières en date étant « bonnes sur le fond », les journalistes en question étant unanimement appréciés pour leurs qualités professionnelles, mais pas sur la forme, car faites selon les vieilles habitudes, a conclu Marco Marturano.

La Rai, qui compte une douzaine de chaînes, dont trois généralistes, emploie environ 11 500 personnes pour un chiffre d’affaires de 2,36 milliards d’euros en 2020.