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Clin d’œil - « Binge CinéSalle » : une journée complète de 7 films vus à l’UGC Les Halles (test)

Paris - Publié le jeudi 30 décembre 2021 à 17 h 41 - n° 300669

Le binge-viewing, que la commission d’enrichissement de la langue française traduit par « visionnage boulimique », se rapporte plutôt aux séries. Dans une enquête menée par Netflix en 2013, citée par Wikipédia, 73 % des personnes le définissaient par le fait de « regarder entre deux et six épisodes de la même émission de télévision en une seule séance ».

Le binge au cinéma sur la base de cette définition est plus difficile, mais on peut citer certains cas où c’est quand même possible, comme avec les quatre volets de Shoah de Claude Lanzmann (10h au total) que nous avions vus au cinéma Les 3 Luxembourg sur une seule journée, ou La flor de Mariano Llinás (6 épisodes en 4 parties de 3h20 chacune, soit 13h20 au total)… regardé à chaque sortie hebdomadaire et non sur une journée.

Mercredi 29 décembre, nous avons décidé de tester ce concept de « Binge CinéSalle » dans le seul multiplexe en France, et probablement dans le monde, où c’est, a priori, possible, l’UGC Les Halles. Ce jour-là, pas moins de 28 films différents étaient proposés dans les 27 salles. Nous avons choisi de nous concentrer sur les nouveautés de la semaine, soit 12 films pour ce jour, dont 9 diffusés dans ce cinéma.

Notre journée en « mode commando »

Nous arrivons à 9h précises pour le traditionnel « petit déjeuner distributeur » (café/thé/croissant/pain au chocolat) offert par le cinéma aux éventuels journalistes, distributeurs, équipes de film présents pour la sortie d’un film : ce jour-là, à 9h10, étaient seuls présents, outre les journalistes de @Debriefilm, des équipes de Wild Bunch Distribution, distributeur de Belle, avec des goodies à destination des premiers spectateurs du film. Puis nous nous dirigeons promptement vers notre première séance de la journée. Au total du nombre de spectateurs de la première séance, selon le relevé qu’en fait UGC Les Halles, il y en aura ce jour 385.

Voici la liste complète des films que nous avons vus dans la journée :

• 9h00 - The King’s Man : Première Mission de Matthew Vaughn (GB). Salle 10. 62 spectateurs pour 476 places. Durée : 2h11.
• 11h20 - Next Door de Daniel Brühl (Allemagne). Salle 33. Environ 18 spectateurs pour 85 places. 1h34.

(23', « trajets compris », pour avaler un plat de pâtes chez Pastavino, dans la galerie commerciale)

• 13h25 - Les Enfants du soleil de Majid Majidi (Iran). Salle 37. Environ 20 spectateurs pour 70 places. 1h39.
• 15h20 - Nos plus belles années de Gabriele Muccino (Italie). Salle 9. Environ 75 spectateurs pour 98 places. 2h15.
• 18h05 - Le Test de Emmanuel Poulain-Arnaud (France). Salle 30. Environ 76 spectateurs pour 94 places. 1h19.

(14', « trajets compris » pour avaler un burrito chez Chaak, dans la galerie commerciale. Et une petite gâterie sous forme d’un cornet Häagen-Dazs au bar du cinéma… tant que c’est encore possible !)

• 19h50 - Lamb de Valdimar Jóhannsson (Islande, Suède, Portugal). Salle 11. Environ 55 spectateurs pour 113 places. 1h46.
• 21h50 - The Card Counter de Paul Schrader (Etats-Unis, GB, Chine). Salle 12. Environ 55 spectateurs pour 138 places. 1h53.

(Sortie du cinéma à 23h55)

Parmi les 9 films sortis ce jour à l’UGC Les Halles, nous en aurons ainsi vus 7 pour une durée totale (films seulement) de 12h37. « Manquent » à notre palmarès des sorties du jour à l’UGC Les Halles Tromperie d’Arnaud Desplechin, que nous avons déjà vu à Cannes et que nous aurions sûrement sélectionné pour notre « marathon », et Belle, film d’animation de Mamoru Hosoda.

Journée éprouvante ou journée enrichissante ?

Bilan ? Contrairement à ce que nous pouvions penser a priori, la journée ne fut en rien éprouvante, bien au contraire. Et nous n’avons jamais décroché d’un mini-somme, même si nous avons trouvé l’un des films, pourtant encensé par la critique, plutôt ennuyeux, mais nul n’est contraint à tout apprécier, heureusement ! Avoir la possibilité de voir une telle variété de films est un véritable enrichissement, et nous n’aurions sûrement pas pu tous les voir autrement. Ce qui ne signifie quand même pas que nous recommencerons chaque semaine !

Est-ce qu’à la fin de la journée tout ne se mélange pas ? Nous répondrons que nous avons réussi le mini autotest que nous avions prévu pour la fin de journée : nous souvenir de tous les titres vus, dans l’ordre, avec un mini-récap de chaque sujet. Finalement, le plus dur a été… de conserver un masque (changé tous les 2 films) pendant quelque 15 heures d’affilée, minis repas à déduire. Reste que l’endormissement, ce soir-là, fut un peu plus difficile qu’habituellement, chacun des films vus donnant d’une manière ou d’une autre à réfléchir.

Mais, c’est rentable pour le circuit cette consommation boulimique ?

Sommes-nous « rentables » pour UGC en utilisant autant notre carte ? Avec les 7 films que nous avons vus ce mercredi, nous aurons au total déjà vu, en utilisant cette carte ou notre carte Pathé Gaumont, 22 des 28 films projetés ce jour à l’UGC Les Halles. Formellement, la réponse de notre rentabilité est évidemment non, les circuits devant reverser plus que ce que nous leur rapportons. Pourtant, nous leur avions il y a quelque temps posé la question et la réponse est qu’un spectateur qui voit beaucoup et même énormément de films est prescripteur et que cela compense, éventuellement bien au-delà. De notre côté, nous confirmons bien évidemment ce côté prescripteur ! 

Oserons-nous, pour conclure, un classement, évidemment très subjectif, des films que nous avons vus ? Nous osons. Dans l’ordre, nous « prescrivons », de celui que nous avons le plus apprécié, à celui que nous recommandons le moins : Nos plus belles années, Next Door, The King’s Man : Première Mission, Le Test, The Card Counter, Les Enfants du soleil, Lamb.

Et une dernière prescription : allez au cinéma !


Joël Wirsztel

© Satellifacts
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