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Paolo Taviani : mort à 92 ans du coréalisateur italien de la Palme d’or « Padre padrone »

Paris - Publié le vendredi 1 mars 2024 à 10 h 47 - n° 330315

Le réalisateur italien Paolo Taviani, qui a réalisé avec son frère Vittorio des films marquants dont le chef d’œuvre Padre padrone, Palme d’or à Cannes en 1977, est décédé jeudi à 92 ans, a annoncé le maire de Rome. « Avec Paolo Taviani, c’est un grand maître du cinéma italien qui nous quitte. Avec son frère Vittorio [mort en 2018 à 88 ans, ndlr], il a signé des films inoubliables, profonds, engagés », a salué Roberto Gualtieri sur X.

Les funérailles laïques de Paolo Taviani, décédé à Rome des suites d’une « brève maladie », se tiendront lundi à Rome, selon les médias italiens. Les frères Taviani, qui ont formé un duo rare dans l’histoire du 7e art, ont cosigné au total une quinzaine de longs métrages marqués par un style très littéraire, mêlant histoire, psychanalyse et poésie. Film choc, Padre padrone, que l’on peut traduire littéralement par « Père-patron », est une adaptation du roman autobiographique de Gavino Ledda, sur l’histoire d’un jeune berger échappant au contrôle despotique de son père qui, par nécessité financière, l’avait contraint à abandonner l’école, le laissant analphabète jusqu’à l’âge de 20 ans.

Après la mort de son aîné de deux ans, Paolo Taviani avait trouvé la force de tourner seul un dernier film, Leonora addio, présenté à la Berlinale en 2022. Fortement inspirés par le maître du néoréalisme Roberto Rossellini, les deux frères, fils d’un avocat antifasciste, se sont intéressés dès leurs débuts dans les années 1960 aux thèmes sociaux. Passionnés de cinéma dès leur jeunesse, les frères nés en Toscane déménagent à Rome dans les années 1950. Un de leurs premiers films, Les Subversifs (1967), préfigure les événements de 1968 sous la forme d’une enquête sur le Parti communiste italien au moment des obsèques d’un de ses fondateurs, Palmiro Togliatti. Inspirés par Brecht, Pasolini et Godard, ils tournent ensuite Sous le signe du scorpion (1969), leur premier film en couleur avec Gian Maria Volontè dans le rôle principal, qui sera aussi leur premier grand succès.

Après le couronnement à Cannes de Padre padrone, ils reviennent sur la Croisette en 1982 avec La Nuit de San Lorenzo, un film à l’atmosphère féerique qui reçoit le Grand Prix du jury. En 2012, avec César doit mourir, où ils font jouer la tragédie de Shakespeare aux détenus de la prison romaine de Rebibbia, les frères Taviani remportent l’Ours d’or au Festival de Berlin. En 1986, ils avaient aussi reçu à la Mostra de Venise un Lion d’or d’honneur rendant hommage à l’ensemble de leur carrière.

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