Gilets jaunes : cri d'alarme de Reporters sans frontières après des agressions de journalistes

Le secrétaire général de l’ONG Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, a lancé dimanche 13 janvier "un cri d’alarme" après les menaces et agressions contre plusieurs journalistes lors de manifestations samedi 12 de "gilets jaunes".
"Incontestablement, hier, un cap a été franchi", s’est inquiété Christophe Deloire sur le plateau de BFM TV. "On est devant une situation qui est très grave, qui menace d’empirer", a-t-il ajouté. "Il faut lancer un cri d’alarme aujourd’hui", a poursuivi le secrétaire général de RSF, demandant aux responsables politiques "qu’ils disent qu’ils réprouvent, qu’ils condamnent" ces actes, et que "ceux qui ont la parole au nom des gilets jaunes [...] s’en désolidarisent".
Tout en rendant hommage aux gilets jaunes "qui essayent de protéger" les journalistes pris à partie et en reconnaissant le droit de critiquer la ligne éditoriale d’un média, il a pointé du doigt d’autres manifestants qui "sont dans un chantage antidémocratique inacceptable qui [...] consiste à dire si vous ne couvrez pas les événements exactement comme on l’entend [...] alors on est en droit de vous molester, de vous tabasser et disons-le, de vous lyncher".
Le groupe TF1 va porter plainte
Le ministre de la Culture, Franck Riester, a dénoncé sur Twitter un "ignoble lynchage" à Rouen. Le porte-parole du gouvernement Benjamin Grivaux a, lui, poussé un "coup de gueule" sur le réseau social : "Depuis des semaines des équipes de journalistes sont prises à partie et subissent des violences de la part de manifestants partout en France."
Samedi, plusieurs journalistes ont été pris à partie ou agressés lors de la couverture de manifestations de gilets jaunes. A Rouen, un agent de sécurité qui accompagnait une équipe de LCI a été roué de coups alors qu’il était à terre. Il souffre d’une fracture du nez, a indiqué Thierry Thuillier, patron de l’information du groupe TF1. "Nous condamnons avec la plus grande fermeté cet acte", a-t-il dit. Une plainte a été déposée.
A Paris, une autre équipe de journalistes de LCI a aussi été prise à partie par quelques manifestants et une journaliste jetée à terre avant d’être protégée par d’autres manifestants, a constaté un journaliste de l’AFP.
A Toulon, deux journalistes vidéo de l’AFP ont été menacés alors qu’ils filmaient des échauffourées, avant de trouver refuge dans un restaurant. D’abord pris à partie par un jeune homme sans gilet jaune, ils ont été poursuivis par une dizaine de personnes et ont reçu "des claques dans le dos, dans la caméra" et un "coup de pied [...] dans la hanche", a raconté l’un d’eux.
A Marseille, la tension est brièvement montée, au début de la manifestation, quand une dizaine de gilets jaunes ont empêché de travailler une journaliste vidéo de France 3 et deux photographes locaux, les contraignant à s’éloigner, en insultant "les journalistes, qui ne font que mentir". "La seule info, c’est sur les réseaux sociaux", criait la manifestante à l’origine de l’incident.
A Pau, un journaliste pigiste a reçu un coup de pied. A Toulouse, une journaliste de La Dépêche du Midi a été menacée de viol. Dans la nuit de vendredi à samedi, des gilets jaunes ont bloqué le centre d’impression de L’Yonne républicaine et ont empêché la diffusion de La Voix du Nord.